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Un nouvel Imoca signé Verdier pour Elodie Bonafous

Bertrand Quéguiner et Elodie Bonafous ont officialisé mercredi à Brest le lancement de l’équipe Horizon 29 Course au large, avec pour objectif le Vendée Globe 2028 sur un plan Verdier neuf, attendu en janvier 2025. Tip & Shaft vous en dit plus.

Si ce projet est officiel depuis mercredi, il trotte dans la tête de Bertrand Quéguiner, directeur général et responsable des programmes voile du groupe du même nom fondé en 1948 par son grand-père, depuis quelques années. “En fait, il mûrit depuis le lendemain de l’arrivée de Yann Eliès aux Sables d’Olonne en 2017, explique-t-il. Nous avions été très contents des retombées de ce Vendée Globe et j’avais envie d’y retourner. J’avais regardé le sujet de près pour le dernier Vendée, il y avait une petite frustration de ne pas y être, et pour 2024, on avait estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour remonter un projet au moins à la hauteur, voire au-dessus, de ce qu’on avait connu avec Yann, c’est pour ça qu’on a préféré se concentrer sur 2028.”

Ce projet prend plus de corps en cours d’année dernière, Bertrand Quéguiner commençant notamment à l’évoquer auprès d’Elodie Bonafous, qui, en 2022, a succédé sous les couleurs du groupe à Tanguy Le Turquais sur le circuit Figaro Beneteau. “J’ai toujours su que le Vendée Globe passionnait la famille Quéguiner et que Bertrand avait été frustré de ne pas avoir été sur l’édition précédente, commente-t-elle. Il m’a confié qu’il voulait se positionner pour 2028 avant la Solitaire du Figaro, ça m’avait mis un petit coup de pression. Je ne savais pas quels étaient ses plans au niveau du bateau et du skipper, mais je pense que le fait que j’aie fait une belle saison [12e sur la Solitaire, dont une troisième place sur la dernière étape, 9e au championnat de France Elite de course au large, NDLR] a un peu pesé dans la balance, je n’étais sûrement pas la seule sur sa liste.”

Le directeur général du groupe Quéguiner assure que si : “Au départ, je n’avais pas de skipper en tête, mais finalement, il n’y a pas eu besoin de faire un casting ni d’étudier d’autres profils, c’est la saison avec Elodie qui m’a conduit à lui proposer le projet. C’est une valeur montante de la course au large, elle a fait ses preuves, elle est ambitieuse, le choix s’est imposé de lui-même.”

 

“On ne voulait pas attendre”

 

Ce choix est annoncé fin janvier 2023 à la navigatrice de la baie de Morlaix, tandis que dans le même temps, Bertrand Quéguiner avance sur son autre dossier prioritaire, le bateau, en se rapprochant de MerConcept« Nous avons commencé à échanger avec lui en fin d’année dernière, il y a eu d’entrée un bon feeling entre nous, confirme Thibault Garin, directeur général adjoint de la société de François Gabart. On s’est assez vite entendus sur un schéma identique à celui qu’on a eu avec V and B-Monbana-Mayenne, à savoir un bateau qu’on construit, mais qu’on n’exploite pas par la suite.”

Le bateau en question, dont la construction débutera dès juillet, sera un plan Guillaume Verdier. Aucun de nos interlocuteurs n’a en revanche voulu préciser s’il sera fabriqué dans de nouveaux moules ou dans ceux déjà utilisés chez MerConcept (Apivia et V and B-Monbana-Mayenne ou Macif, mis à l’eau ce samedi 24 juin), réservant l’annonce des détails techniques, selon Thibault Garin pour “avant les vacances”. Selon nos informations, l’idée d’un sistership de Macif tient la corde.

Interrogée sur la question, Elodie Bonafous répond : “Je ne peux rien dire sur le bateau, mais ce qui a surtout joué, c’est le choix de l’équipe avec laquelle on voulait le construire. Je n’ai jamais fait d’Imoca, je ne suis pas capable de prendre de décisions sur des choix techniques et architecturaux, donc on s’est dit qu’il fallait s’appuyer sur des personnes ayant de l’expérience, d’où la collaboration avec MerConcept qui a fait des bateaux performants et ayant eu très peu de soucis techniques.”

N’y a-t-il pas une part de risque à choisir dès à présent un design alors même que le prochain Vendée Globe n’a pas été couru et que certains bateaux n’ont pas encore navigué ? “Etant donné que je suis novice, le critère principal était qu’il fallait que je connaisse mon bateau parfaitement, donc on ne voulait pas attendre, répond la navigatrice. On n’aura peut-être pas les évolutions qui se feront suite au Vendée Globe, mais ce n’est pas grave, on sait qu’on aura quoi qu’il arrive un bateau performant que je pourrai utiliser à 100% de son potentiel.”

 

The Ocean Race “envisageable”

 

Le plan Verdier, dont la coque et le pont seront sous-traités à CDK Technologies à Port-la-Forêt avant assemblage chez MerConcept, sera mis à l’eau début 2025, ce qui fait dire à Thibault Garin : C’est un temps plus long de ce qui se fait d’habitude, c’est plutôt confortable, d’autant que ça tombe à une période en général creuse pour la construction des Imoca, c’est une super opportunité pour notre entité course au large.”

Maintenant que le projet a été annoncé, Horizon 29 Course au large va de son côté se mettre en quête d’une équipe – “J’ai déjà reçu des messages de gens intéressés pour travailler avec nous”, sourit Elodie Bonafous – avec comme priorité le recrutement d’un directeur technique, mais également d’un lieu pour l’accueillir. “L’envie de rester dans le Finistère est très forte”, commente Bertrand Quéguiner, le choix se fera sans doute entre Port-la-Forêt et Concarneau, Elodie Bonafous estimant que “c’est important de rester près de MerConcept pour potentiellement continuer à travailler avec eux une fois le bateau à l’eau”.

Quid du financement ? Ce n’est pas un projet Quéguiner, assure le directeur général du groupe, qui précise que la construction de l’Imoca, dont il ne veut pas divulguer le montant, est financée par “une société d’investissement familiale” qui regroupe ses parents, lui et son frère cadet Clément qui, en 2020, a succédé à leur père Claude à la présidence du groupe. Le budget de fonctionnement, pas encore chiffré précisément, sera assuré par des partenaires que Bertrand Quéguiner se fait fort de trouver, ne s’interdisant toutefois pas d’engager le groupe familial. “Je suis en discussion avec mon frère, le groupe Quéguiner sera peut-être amené à devenir partenaire du projet, au même titre qu’il accompagne d’autres sports comme le football ou d’autres événements comme les Vieilles Charrues.”

Quant au programme, qui passera encore en 2024 pour Elodie Bonafous par une saison en Figaro et, espère-t-elle, des embarquements sur des 60 pieds pour se familiariser avec ces bateaux, il comprendra toutes les courses au calendrier de l’Imoca, dont sans doute The Ocean Race Europe à l’été 2025“C’est dans les tuyaux, confirme-t-elle, ça permettrait de faire des milles intéressants et d’embarquer des gens expérimentés pour m’aider à prendre en main le bateau.” Quid de The Ocean Race lors de l’hiver 2026/2027 ? “C’est envisageable”, répond Bertrand Quéguiner, qui, lorsqu’on l’interroge sur les ambitions sportives, ajoute : “Ce projet est totalement différent de celui que nous avions fait avec Yann. Avec un bateau qui sort de chez MerConcept et quatre ans pour permettre à Elodie de se préparer, ça ne me paraît pas prétentieux de dire qu’on vise un podium.”

Qu’en pense cette dernière ? “J’ai toujours dit que je voulais partir sur mon premier Vendée Globe dans un objectif de performance avec un bateau de dernière génération pour aller me bagarrer pour les premières places. Je ne pensais pas avoir un tel projet aussi rapidement dans ma carrière, je sais que la marche est haute, car ça ne fait que quatre ans que je fais de la course au large, mais j’ai cinq ans devant moi, je vais pouvoir monter le projet méthodiquement et j’arriverai au départ en connaissant bien ma monture, c’est une chance inouïe.”

@Tip & Shaft