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Transat Jacques-Vabre : à bord du maxi-trimaran volant

Favori de la Transat Jacques-Vabre, dont le départ est donné ce dimanche, Sébastien Josse nous a embarqués, il y a quelques jours, sur son bateau qui promet de révolutionner le monde de la navigation.

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Cet après-midi-là, au large de Lorient, la météo est clémente. Un plus quand on n’a pas forcément le pied marin et une furieuse tendance à être malade en mer. Les conditions seront bien plus musclées, aujourd’hui, lors des premières heures de la Transat Jacques-Vabre. Un plus pour Sébastien Josse et son co-skipper Thomas Rouxel, favoris de la course.

Je ne suis pas encore à bord du Maxi Edmond de Rothschild – il va falloir commencer par escalader le flotteur haut de 2 mètres – mais je me demande quelle mouche a bien pu piquer le navigateur niçois pour se lancer dans cette sacrée aventure, qui se prolongera en solitaire, avec la Route du Rhum l’an prochain puis la première course autour du monde en multis.

A la barre du maxi-trimaran

L’enjeu est colossal tant on se sent petit sur ce maxi-trimaran de 32 mètres de long et 23 de large. La hauteur du mât – 35 m – est carrément vertigineuse. « C’est 60 mois de travail», précise Sébastien Josse, qui propose de nous laisser la barre de son bolide estimé à 12 M€. Ça pique un peu mais je me sens pousser des ailes, d’autant que le « monstre » vire assez facilement. Les bateaux de plaisance semblent tout proches, je m’inquiète. Simple illusion d’optique. « Ils sont a plusieurs milles », m’assure Sébastien Josse, qui s’active maintenant sur les winchs.

Le maxi-trimaran au large de Vannes 

Ce jour-là, ils sont quatre hommes à la manoeuvre pour descendre un foil. « Seul, ça prend 15 minutes», note le skipper, qui réitère l’action plusieurs fois par jour. On prend conscience de l’énergie qu’il faut pour venir à bout de cette machine de 15 tonnes. D’autres marins ont déjà dompté ces maxi-trimarans, mais celui-ci, dessiné par Guillaume Verdier, l’architecte qui a été le premier à faire voler les bateaux de la Coupe de l’America, a quelque chose en plus. Des flotteurs finement taillés pour offrir davantage d’hydrodynamisme et, surtout, six appendices (deux foils de 5,5 m de haut, trois safrans et une aile dérive centrale avec élévateur) qui lui permettent de voler.

«C’est maintenant !»

Les yeux rivés sur les innombrables compteurs de cette Formule 1 des mers, telle une môme découvrant un nouveau manège à sensations, je guette ces fameux 21 noeuds de vent qui nous donneront des ailes. «C’est maintenant !», lance Josse. Au large de l’Ile de Groix, les cadrans s’affolent. Contrairement à Sébastien Josse qui joue au funambule, plus question pour moi de m’évader sur les 210m2 de filets, véritables trampolines au-dessus des eaux.

A l’entrée de la zone de vie (6m2), j’ai la sensation que le sol se dérobe sous mes pieds. « A 30 noeuds, j’ai toujours l’impression que le bateau est arrêté», s’amuse Thomas Rouxel, qui, avec Josse, a déjà flirté avec les 45 noeuds (pratiquement 90 km/h). Je ne suis pas de son avis, bien que la vitesse affiche « seulement » 26 noeuds. Le bateau est pourtant incroyablement stable. Y compris lorsqu’il se met sur ses plans porteurs pour se retrouver un mètre au dessus de l’eau. Seuls 4m2 de surface touchent encore les flots.

Maxi Edmond de Rothschild : objectif Transat Jacques Vabre 

«On ouvre une nouvelle ère»

Sensations extrêmes, sans la moindre crainte. «Un bateau comme celui-ci peut chavirer, mais il faut beaucoup d’alertes avant d’en arriver à une telle situation», assure Josse. Ce jour-là, le Maxi ne s’autorisera que quelques minutes en position hors des flots. Depuis sa mise à l’eau en juillet dernier, le Maxi Edmond de Rothschild est déjà resté plus de 2 heures, suspendu au dessus des vagues.

La révolution est bel et bien en marche. «On ouvre une nouvelle ère», s’enthousiasme Josse, premier skipper à tenter la traversée sur une telle machine. Il devrait mettre environ huit jours, le temps de vol dépendra, lui, des conditions de vent.

Sandrine Lefèvre.

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