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Paul Meilhat, 6e Imoca de la Route du Rhum : « Mon objectif n’était pas de gagner »

En passant la ligne d’arrivée dans la nuit de lundi à mardi, sous les grains guadeloupéens, Paul Meilhat avait la mine radieuse, celle d’un homme satisfait d’avoir accompli sa mission. Sixième de la Route du Rhum à la barre d’un bateau mis à l’eau il y a moins de trois mois : le résultat est presque inespéré pour Biotherm. Au-delà de la performance individuelle de Paul qui n’a pas passé un seul jour sans bricoler à bord, ce résultat est aussi une belle récompense pour l’ensemble de l’équipe qui s’est donnée sans compter depuis plus d’un an. La suite arrive très (très) vite avec le départ de The Ocean Race, le 15 janvier prochain. Mais avant que Biotherm ne prenne la mer en direction d’Alicante, le skipper revient sur les sensations marquantes de sa course.

 

Un bateau génial…

« Mon objectif n’était pas de gagner car je n’en n’avais pas les moyens, mais de voir ce que donnait le bateau. Il se trouve que Biotherm est génial, bien né, bien équilibré, facile. Il a l’air fiable, solide. C’est super satisfaisant pour toute l’équipe. J’ai vécu quelques moments géniaux, comme pendant la transition à la sortie des Açores. Au travers, dans 12/14 nœuds de vent, le bateau marchait à 25 nœuds et volait sur ses foils. C’était une sensation de dingue ! »

Un instinct retrouvé…

« Personnellement, je suis heureux d’avoir retrouvé mes repères après 4 ans sans navigation en solitaire. J’étais content du rythme que j’ai imprimé. Dans mes choix stratégiques, j’ai essayé de faire simple, sans m’éparpiller. J’ai la sensation d’avoir renoué avec ma façon de naviguer, à l’instinct, et ça fait vachement plaisir ! Ça m’a permis de ne pas subir la course. J’ai pu me bagarrer et me comparer aux autres, dans le peloton de tête, et ça c’est bien ».

 

Pas une seule journée sans bricoler…

« J’avoue qu’il y a quand même eu des moments difficiles. Le moindre petit souci technique, tu te le prends en pleine figure, parce que tu sais que ça va avoir des conséquences sur le résultat, sur ton état physique. Or, je n’ai pas passé un seul jour sans bricoler. Les heures que j’ai passées à virer les tonnes d’eau dans la soute avant ont été pénibles. A la moindre intervention, tu te fais des bleus partout. Et à la fin, j’ai vécu dans l’humidité permanente, tout était mouillé. Les deux derniers jours, avec mon problème de safran ( une pièce de fixation cassée), j’ai fait de nombreuses sorties de route et j’ai dû mettre la course entre parenthèses. J’avais un peu oublié la difficulté. Mais c’est un peu normal. Le bateau est encore jeune et ce sont des machines compliquées à fiabiliser. Mais il n’y a pas eu de gros souci, et ça, c’est une bonne nouvelle ! ».

Une boule de nerf impassible…

« Ce qui est certain, c’est que ces bateaux demandent énormément d’engagement. Et là, je pense qu’il faut pratiquer une sorte de schizo-bouddhisme (rires). A savoir, un engagement total où tu débranches ton cerveau, associé à une zénitude à toute épreuve. Une sorte d’agressivité extrême, dans un climat de paix. Tendu dedans, mais détendu dehors, une boule de nerf impassible. C’est un peu l’état d’esprit qu’il faut avoir ! ».

 

Une brève pause et ça repart

Du repos et quelques moments de calme en famille, Paul va en avoir besoin ces prochains jours. Ces instants seront rares cependant, car Biotherm doit repartir ce week-end en direction d’Alicante, port de départ de The Ocean Race (course autour du monde en équipage avec escales).

@Sea Sail Surf