Armel Le Cléac’h : «Il y a un rêve au bout»

Armel Le Cléac’h a mis à l’eau, ce mardi en Bretagne, son nouveau bateau «Banque-Populaire» pour le Vendée Globe 2016 qu’il espère enfin gagner après deux deuxièmes places.

© L’équipe.fr

«Que ressentez-vous après la mise à l’eau de votre monocoque destiné au prochain Vendée Globe, 2016-2017?
C’est le fruit de beaucoup de travail de toute l’équipe Banque-Populaire. On est partie de la base du précédent bateau, du dernier Vendée Globe qui était celui de Michel Desjoyeaux, qui n’est pas n’importe qui, et on a apporté notre vécu, notre expérience. La grande nouveauté de cette campagne ce sont les foils. Au début quand les architectes (du cabinet VPLP, ndlr) nous ont présenté cela, on était un peu perplexes, on se demandait si cela allait fonctionner. On a fait des essais sur l’eau sur un Mini (monocoque de 6,50m).

Quel est le gain avec les foils?
On l’estime de 3 à 5% soit une journée à l’échelle d’un tour du monde. Même si c’est compliqué d’estimer le gain car selon les allures le bateau est plus ou moins performant. On voulait être au moins aussi rapides que l’ancien Macif (sur lequel François Gabart a gagné le Vendée Globe 2012-2013) et Banque Populaire (sur lequel Armel Le Cléac’h a terminé 2e). Avec les foils, la carène nouvelle, le mât et la quille monotype, on a mis tous les éléments dans la marmite. Sur le papier, ça nous paraît bien, il reste le verdict sur l’eau.

A quelles allures le bateau est-il plus performant avec les foils?
Du vent de travers jusqu’au portant (vent arrière). Pour cela, les architectes ont étudié la nature du parcours du Vendée Globe. Ils ont étudié sur plusieurs éditions l’angle du vent, le type de vent et les allures. Ceci afin de savoir quel bateau dessiner pour le Vendée Globe. Banque-Populaire n’est pas un bateau de près (vent de face) mais il y a moins de 10% de près sur un tour du monde. Ce qu’on perdra au près, on le gagnera ailleurs.Quand aura lieu la première navigation?
L’objectif à présent c’est d’aller naviguer pour tester le bateau et le maîtriser car c’est bien beau d’avoir un bateau performant mais il faut le maîtriser à 100%. Demain, on ramène le bateau à Lorient notre port d’attache et on espère pouvoir effectuer la première navigation vendredi. On va y aller crescendo. J’espère pouvoir effectuer le premier stage IMOCA (réunissant les monocoques de 18,28m) la semaine prochaine à Port La Forêt.

Quel est votre programme de courses cette saison?
La première sera le Fastnet (mi-août) avec Erwan Tabarly avec lequel on coura la Transat Jacques-Vabre (départ 25 octobre du Havre vers le Brésil). C’est bien de débuter en double, ça permet de tirer plus sur la machine, d’être plus à l’aise au niveau des manœuvres, pour dormir aussi. Et si Erwan n’a pas fait beaucoup d’IMOCA, il a envie de naviguer, il maîtrise le solitaire et on se connaît bien. Et le double c’est du solitaire à deux. En juillet, pendant qu’Erwan sera sur le Tour de France, j’irai naviguer seul.

La compétition doit commencer à vous manquer?
Oui, il y a eu un peu de Diams 24 (trimaran à trois équipiers) mais j’ai envie de passer des nuits en mer, de retrouver le large. Après ce qu’il s’est passé l’an dernier (forfait sur la Route du Rhum sur blessure),j’ai envie de retrouver mes marques, le feeling sur l’eau. Il y a un rêve au bout.

Lequel?
Revenir aux Sables d’Olonne (port d’arrivée et de départ du Vendée Globe), le premier en janvier 2017. La dernière fois ce n’est pas passé loin (2e à 3 heures de Gabart). Il y a eu meilleur que nous, à nous d’être meilleurs que les autres.»

Recueilli à Port la Forêt par Anouk CORGE