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Vendée Globe. Des voiliers made in Bretagne !

Les premiers concurrents du Vendée Globe vont bientôt arriver aux Sables d’Olonne (85). La Bretagne joue un rôle majeur dans les coulisses de cette course en solitaire autour du monde. Entre Quimper et Vannes, une nuée d’entreprises, petites ou grandes, apportent leur savoir-faire aux skippers de ces monocoques pour les aider à affronter l’Everest des mers.
© Le Télégramme

De la conception du bateau aux prestations de service en passant par les équipements, la course au large est une spécialité régionale. « 90 % des entreprises actrices de la course au large sont en Bretagne », résume Carole Bourlon, directrice d’Eurolarge Innovation, le cluster de la filière technologique de la voile de compétition. Ces entreprises sont installées dans ce qu’on appelle la Sailing Valley avec Lorient et son ancienne base de sous-marins pour épicentre. Tour d’horizon non exhaustif.

 

1. La conception : VPLP, le leader des Imoca. Avant l’arrivée de la course, ce cabinet d’architecture marine de Vannes que dirige Vincent Lauriot-Prévost a déjà de quoi pavoiser. C’est le concepteur de bateaux le plus représenté dans la flotte de cette huitième édition. En tandem avec son confrère Guillaume Verdier, l’architecte vannetais a dessiné 12 des 29 « Imoca 60 pieds » (monocoques de 18,28 m) engagés dans la course dont sept nouveaux bateaux. Pas les moindres puisqu’il y a parmi eux Banque Populaire d’Armel Le Cléac’h et Hugo Boss d’Alex Thomson. Le duo a eu la bonne idée de mettre son expérience des multicoques au service des monocoques du Vendée Globe. Avec ces fameux foils qui permettent de gagner de la vitesse. « Les foils nous ouvrent des belles perspectives car nous en sommes encore qu’aux balbutiements », se réjouit Vincent Lauriot-Prévost.

 

2. Les calculs de structure. Simuler numériquement l’air et l’eau pour mieux comprendre l’impact des interactions des fluides sur les élèments des bateaux : c’est le métier de GSEA design de Ploemeur. « Les architectes dessinent les formes et nous, à l’aide de nos logiciels, nous vérifions si les propositions sont réalistes en termes de tenue mécanique », explique Benjamin Madec, business ingénieur. Le bureau d’études lorientais emploie 16 personnes. Il est le fournisseur officiel des calculs de structure des mâts Imoca.

 

3. Les chantiers. Il y en a deux : CDK technologies à Port-La-Forêt (29) et Multiplast à Vannes (56). Comme CDK Technologies, Multiplast s’est diversifé dans les pièces aéronautiques pour des groupes industriels. Quatre bateaux (dont deux neufs), qui se sont élancés dans ce Vendée Globe, sortent de ce chantier au palmarès inégalé. « Il faut 40.000 heures pour construire un Imoca », fait remarquer Yann Perfornis, le directeur du chantier vannetais.

 

4. Les équipementiers. Filiale d’un groupe anglo-américain, North Sails emploie une cinquantaine de personnes à Vannes où elle conçoit et produit des voiles sur mesure. « On a équipé intégralement douze bateaux de la flotte et 22 sur 29 au départ ont embarqué au moins une voile North Sails à bord », précise Grégoire Evard, le directeur de la filiale française qui a produit au total 100 voiles spécialement pour le Vendée Globe 2016, ce qui a nécessité 6.000 heures de travail. Pour un Imoca, il faut compter un budget voiles entre 150.000 et 250.000 euros. La moitié des bateaux du Vendée Globe est équipée d’un mât construit à Lorient par Lorima (31 salariés, six millions d’euros de chiffre d’affaires). Le coût d’un mât ? Dans les 200.000 euros. C’est à Quimperlé (29) que l’entreprise Guelt a travaillé pour la majorité des bateaux du Vendée Globe dont elle a fourni la quille ou d’autres pièces mécaniques de haute technicité… La course au large ne représente que 10 % de son activité avant tout consacrée à la construction de lignes pour les usines agroalimentaires. Guelt a d’ailleurs pour client le géant de la volaille le groupe LDC dont l’une des marques est… « Maître coq », le nom du bateau de Jérémie Beyou. Pour les peintures et autres revêtements, 24 des 29 concurrents ont fait appel à l’entreprise Nautix. « Nous sommes poussés à innover par des coureurs de plus en plus exigeants », explique Maxime Delbury, l’un des associés de l’entreprise guidéloise qui travaille avec les chercheurs de l’université de Lorient pour diminuer l’impact environnemental de ses produits. Enfin, l’entreprise hennebontaise NKE Marine Electronics a fourni onze bateaux de la course en pilotes automatiques et équipé la moitié de la flotte en capteurs de vent et de vitesse. « Les bateaux sont de plus en légers et vont de plus en plus vite. Il faut que l’on suive », précise Paul Fraisse, à la tête de cette entreprise de renommée mondiale.

Rédigé par Frédérique Le Gall

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