,

Transat Jacques Vabre. Trois victoires ? L’architecte Guillaume Verdier vers un coup du chapeau !

Trois de « ses » bateaux vainqueurs sur quatre possibles ? Guillaume Verdier est un architecte efficace. Deux multicoques qu’il a dessinés viennent de gagner la Transat Jacques Vabre : le Maxi Edmond de Rothschild de Cammas et Caudrelier en Ultim et le Primonial de Rogues et Souben en Ocean Fifty. Sauf avarie, Guillaume Verdier devrait compléter ce palmarès avec la victoire attendue de LinkedOut en IMOCA… Nous l’avons interrogé.

Guillaume Verdier n’est pas du genre à traîner dans les salles de presse ou courir les plateaux télé, mais regrette quand même de ne pouvoir être en Martinique, arroser les victoires de ses « clients ». Il a un emploi du temps de ministre, travaille et vit entre le Morbihan et Auckland (Nouvelle-Zélande) où il passe depuis quelques années une bonne partie de son temps. Quand nous l’avons joint au téléphone ce mercredi, Guillaume Verdier était en route pour Concarneau, afin d’aller voir la coque du nouvel Imoca V & B de Maxime Sorel (sistership d’Apivia), fraîchement arrivée du chantier Multiplast il y a quelques jours. À 51 ans, l’architecte naval le plus impressionnant de sa génération, est en passe de tout gagner ou presque.

Un palmarès déjà impressionnant en toute discrétion

Passons sur ses deux victoires successives dans la Coupe de l’America 2017 et 2021 au sein de l’équipe architecturale de Team New Zealand. Le discret Guillaume Verdier n’est pas non plus du style à arpenter son agence en bombant le torse. Il n’en a pas, d’agence ! Itinérant, celui qui (après la célèbre université d’architecture de Southampton puis un doctorat au Danemark pour parfaire ses compétences dans le calcul des matériaux, de structures et en dynamique des fluides) a fait ses classes au sein du fameux cabinet Finot-Conq, avant de travailler et co-signer avec VPLP notamment les meilleurs voiliers Imoca, sait s’entourer. Il ne tire jamais la couverture à lui, préférant citer les gens avec qui il collabore depuis des années en toute complicité : Romaric Neyhousser, Benjamin Muyl, Hervé Penfornis… et tant d’autres. De toute façon Guillaume Verdie ne dit que rarement « je », auquel il préfère le plus souvent « nous » ou « on ».

Les bateaux qu’il a signé étaient cités dans les favoris

Avant le départ de cette Transat Jacques Vabre, sur les pontons du Havre, Guillaume Verdier est bien représenté, « ses » bateaux souvent cités parmi les favoris dans chacune des classes. La suite on la connaît. Dans la nuit de lundi à mardi, le trimaran de 50 pieds Primonial, magnifiquement mené par Sébastien Rogues et Matthieu Souben, s’impose non seulement au scratch, mais aussi dans la classe des Ocean Fifty.

Ce bateau n’est pas de première jeunesse, puisque conçu il y a treize ans déjà pour Yves Le Blevec. Aux mains d’Armel Tripon, il a remporté la dernière Route du Rhum en 2018, avant que Seb Rogues ne l’achète. Lors de cette 15e Transat Jacques Vabre, Rogues et Souben ont parcouru plus de 6 300 milles à la moyenne de 17,5 nœuds. Pas mal pour un bateau de quinze mètres datant de 2009 !

« On suit la transat jour et nuit… » explique Guillaume Verdier. « Je suis hyper content pour Seb (Rogues) et Matthieu (Souben). C’est un bateau sur lequel on s’est super impliqués. On a fait une grosse réhabilitation. On m’a souvent dit que les flotteurs n’étaient plus d’actualité. Et avec ses foils récents, ils sont très adaptés. En outre, ils ont fait une très belle course. De plus, je suis voisin avec Matthieu. Il est de Larmor Baden, là où j’habite, et vraiment je suis heureux pour lui… »

Maxi Edmond de Rothschild a lui quatre ans. Mis au point par Sébastien Josse, l’Ultim est mené depuis deux saisons par le duo Franck Cammas-Charles Caudrelier. On va dire qu’avec Verdier, l’équation ressemble à ce qu’on fait de mieux. Dans les docks du Havre, on ne voit pas trop qui pourrait perturber la marche avant du trimaran armé par l’écurie Gitana. SVR Lazartigue et Banque Populaire XI disputent là leur première transat en course, et Actual Ultim 3 est (déjà) un bateau d’ancienne génération.

Après 9 262 milles parcourus (la route orthodromique étant de 7 500) à l’ahurissante moyenne de 24 nœuds, le foiler blanc et bleu remporte logiquement cette Transat dans sa catégorie… et devant trois plans VPLP. « Je ne sais s’il y a de la logique dans la victoire de Franck (Cammas) et Charles (Caudrelier), car il y a tellement d’incidents ou d’accidents qui peuvent arriver… » tempère Guillaume. « Ce n’est jamais facile. Il suffit de voir Sodebo. Tout peut vite basculer. Mais, il y a eu de la bagarre jusqu’au bout… »

Si les Class 40 – dont ses Pogo 40 bien placés mais ne jouant pas la victoire -, ne sont pas attendus avant le dernier jour de novembre, en proie à une panne d’alizé due à une dépression tropicale l’ayant « tué dans l’œuf », les Imoca, eux devraient toucher Fort de France d’ici peu. Et qui est largement devant ? Encore un plan Verdier. LinkedOut, devant son sister-ship Apivia (Charlie Dalin et Paul Meilhat), dominateur de toute la saison et premier sur la ligne lors du dernier Vendée Globe. Mené par le redoutable tandem Thomas Ruyant Morgan Lagravière, LinkedOut impressionne depuis le début de course.

En IMOCA, la super course de Thomas Ruyant et Morgan Lagravière

 

Imoca 60 LinkedOut @Pierre Bouras

On savait les plans Verdier très rapides, et on en a confirmation, même si Jérémie Beyou et Christopher Pratt font mieux que résister sur leur plan VPLP Charal. Et pour celles et ceux qui auraient oublié, on peut rappeler que Thomas Ruyant et Charlie Dalin, ont disputé plus de la moitié du dernier Vendée Globe avec un foil coupé pour l’un, et estropié pour l’autre. « Je suis un peu déçu pour 11 TH Hour Racing Team Malama, notre dernier Imoca. Charlie (Enright) et Pascal (Bidégorry) faisaient une super course, avant de connaître des problèmes sur la quille. Elle est monotype, et le collage du carbone sur le bord de fuite s’est manifestement barré. C’est embêtant. Depuis, ils perdent des places, alors qu’ils marchaient fort. Quant à Thomas (Ruyant) et Morgan (Lagravière), je trouve que stratégiquement, ils font une sacrée course. Devant, ça bataille bien. C’est un régal à suivre. »

 

@Voiles et voiliers