Mise à l'eau du nouveau 60 pieds Foncia
© Yvan Zedda / Team Foncia
20.09.2010. Le 20 septembre 2010 à 15h33, FONCIA, le nouveau 60 pieds Imoca de Michel Desjoyeaux a été mis à l’eau à Port-La-Forêt. Ce plan VPLP/Verdier de dernière génération, dont la conception a été lancée en janvier dernier, a été construit et assemblé en un temps record (6 mois). Il reste désormais 40 jours à Michel et son équipe pour prendre en main ce monocoque original avant le départ de la Route du Rhum le 31 octobre prochain.
Construction en un temps record
Nouvelle déco, nouveaux architectes, silhouette taillée à la serpe. Le FONCIA dernier du nom ne passe pas inaperçu. Ce lundi à Port-La-Forêt, devant près de 200 personnes, il a touché l’eau et passé avec succès le test du retournement à 180°. « On va enfin pouvoir aller naviguer ! » : Michel Desjoyeaux est à la fois ravi et impatient de découvrir ses 18,28 mètres de carbone sous voile. Cette mise à l’eau marque la fin d’un long et passionnant chapitre et constitue une libération pour toutes les personnes qui se sont investies sans compter dans la naissance de cette machine de course. Depuis mi-juillet, l’équipe technique travaillait dur pour tenir la feuille de route. Au final, le terme ne sera repoussé que de 15 jours. FONCIA a été construit en l’espace de 6 mois, soit deux de moins que le précédent monocoque avec lequel Michel avait remporté le Vendée Globe. « En fait, nous avons tout mené de front en même temps, conception et construction. Mais c’était le défi d’origine .Nous avions planté le décor d’entrée de jeu » précise Michel qui, comme de coutume, s’est impliqué dans le processus de A à Z.
« Mon leitmotiv : connaître le bateau à fond »
« Quelqu’un a dit un jour que le stade après « exigeant », c’était « casse-pieds ». Et bien je crois que je suis encore au stade supérieur ! Je suis intervenu sur tout, dans la conception jusqu’au chantier pour serrer les boulons. Je pense que de mes 4 bateaux, c’est celui que je connaîtrai le mieux. Connaître le bateau à fond a toujours été mon leitmotiv : plus tu sais comment c’est fait, mieux tu sais t’en servir. A plus forte raison quand le délai de découverte en milieu marin est court ».
Après Safran, Groupe Bel, PRB et Virbac-Paprec 3, FONCIA est le 5ème monocoque né sur les planches à dessin du cabinet VPLP et de l’architecte Guillaume Verdier. Il se démarque cependant de ses cousins à plusieurs titres. Le double bouchain latéral (dont le bouchain supérieur très marqué) et le pont en aile de mouette forment la signature visible du nouveau FONCIA. Ces attributs (parmi d’autres) sont nés de l’exploitation des nouvelles contraintes de jauge imposées par la classe Imoca. Ces dernières qui limitent la hauteur du mât à 29 mètres et donc la surface de voile disponible pour tracter le bateau, imposent, du coup, de faire plus léger. « L’objectif était de diminuer et d’abaisser les poids. Mais, nous ne sommes pas allés à fond dans la légèreté pour garder de la fiabilité, précise Michel. Sur la structure, on a de la marge. Les formes de coque nous permettent en effet de faire plus solide sans être plus lourd. On a gagné dans d’autres parties comme la bôme, par exemple, qui est 50% plus légère que celle de FONCIA 1 ».
L’organisation du plan de pont est calquée sur celle de l’ancien monocoque à ceci près que le cockpit est plus étroit de 70 cm d’où un espace de manœuvres plus confiné, pour plus de confort et d’ergonomie. La circulation des cordages a encore été optimisée avec le passage des lignes d’enroulement des voiles d’avant sous le pont. Au chapitre des évolutions, on trouve également des dérives très inclinées vers l’intérieur qui permettront de sustenter légèrement le bateau, comme des foils, mais sans les inconvénients des dérives courbes. Enfin et très important, les safrans suspendus sont interchangeables très rapidement. Le système, symétrique, permet de retirer et de changer un safran défectueux en l’espace de 10 minutes. Côté sécurité, une trappe de sortie dans le fond du bateau (quasiment invisible à l’œil nu) et une cloison étanche supplémentaire ont été ajoutées. A défaut d’être révolutionnaire, FONCIA est le résultat d’une somme de petites évolutions qu’il s’agit dès maintenant d’expérimenter en mer.
40 jours pour prendre la mesure avant le Rhum
Le 22 octobre, FONCIA devra être amarré dans le port de Saint-Malo. D’ici là, il faudra en avoir pris la mesure, l’avoir fait jauger, avoir effectué les tests de stabilité et les 1500 milles de qualification en solitaire. Mais ce court laps de temps ne semble pas effrayer le skipper qui en a vu d’autres : « Il faut savoir que c’est à peu près le temps dont j’avais disposé avant la Route du Rhum 2002 (victorieuse) ! On ne fera pas d’impasse, on a largement le temps de tout faire. On a quand même trois 60 pieds mono derrière nous. L’expérience que nous avons sur ce genre de bateau va nous rendre service. Si on ne s’en sort pas, c’est qu’on n’est pas bon ». Dès maintenant, Michel va multiplier les navigations en équipage pour tout tester et étalonner, y compris pendant les deux stages prévus fin septembre et début octobre à Port-La-Forêt. La Route du Rhum servira donc de baptême pour le bateau mais aussi pour son skipper qui la dispute pour la première fois en monocoque. Pas question pour autant d’aborder la transat en solitaire en mode ‘découverte‘ : « je serai à fond, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement » prévient-il.
Pendant ce temps-là… François navigue
François Gabart, son coéquipier de la Barcelona World Race poursuit quant à lui son programme Figaro, après une superbe 2e place sur La Solitaire cet été. « Pendant que je savais comment était fait le bateau, il y en a un autre qui savait comment faire de la voile » s’amuse Michel, plutôt fier des performances de son futur copilote. Après Cap Istanbul, François rejoindra toute l’équipe de Mer Agitée pour convoyer FONCIA à Saint-Malo. Il sera également présent en Guadeloupe où un check complet du bateau sera réalisé avant son chargement en cargo à destination de Barcelone. L’été était déjà chaud au sein du Team FONCIA. L’hiver promet d’être torride !
Ils ont dit :
Yves Gevin, Président du Directoire de FONCIA Groupe
« Avec ce nouveau bateau, le sponsoring voile de FONCIA prend une nouvelle dimension. C’était un pari audacieux, mais l’audace est une caractéristique forte de notre Groupe. Je suis heureux pour Michel et son équipe, le résultat est fabuleux. Ils ont su nous surprendre par une forme généreuse et des détails dont seul Michel a le secret. Il nous tarde d’être au départ de la Route du Rhum et de rentrer dans la compétition. »
Vincent Lauriot Prévost, cabinet VPLP
«La mise à l’eau d’un bateau est une étape importante et émouvante. Il y a toujours un côté achèvement, libération pour les gens qui se sont investis à fond pour le concevoir et le construire en un temps record. C’est aussi le début de la 2ème vie du bateau : celle de l’apprentissage, du développement, de la performance. Michel dispose d’une période courte pour la mise au point, mais l’avantage, c’est qu’il a une courbe d’apprentissage rapide. […] FONCIA est un bateau qui aura de la gueule. C’est un bateau qui dans ses formes aura des éléments très particuliers. On le reconnaîtra, il sera différent des autres, que ce soit en forme de coque ou en forme de pont. Ca ne sera pas un clone. »
Guillaume Verdier, architecte naval
« Des bateaux de course comme ça, il n’y en a pas un pareil, parce qu’on le fait vraiment pour le coureur. Il y a une infinité de solutions en architecture, il ne faut pas être restrictif. Les différentes solutions viennent du fait que les gens naviguent différemment et n’ont pas la même compréhension, le même maniement des bateaux. Concernant les plans de voilure, les plans de pont, et même les systèmes, tout cela est très lié à la manière et à la capacité de naviguer sur ces bateaux. Or, la force de Michel, c’est aussi de savoir comment placer le curseur humain dans cette équation. Là dessus, il est très fort. […] C’est encore une nouvelle collaboration réussie avec VPLP. En réalité, c’était un système tripartite : VPLP, l’équipe de Michel et moi-même. Cela fait une architecture à trois, c’est toujours plus complexe mais en même temps, c’est plus riche. »
Source : Team Foncia
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