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Magic Carpet E : 100 pieds, 37 tonnes et quille inclinable, la nouvelle arme signée par Verdier & son équipe

Magic Carpet-E, le nouveau-né de la classe des Maxi participe à sa première régate cette semaine : la Palma Vela. Dessiné par le cabinet d’architectes Guillaume Verdier, ce nouveau 100 pieds a la particularité d’être doté d’une quille inclinable vers l’arrière et sur les côtés et d’être alimenté grâce à un parc de batteries. Un super-yacht innovant qui a demandé près de 30 000 heures de conception !

Pour la première fois, le dernier-né de la classe des Maxi, Magic Carpet-e, va se confronter à la concurrence lors de la Palma Vela, du 1er au 4 mai, six mois après sa mise à l’eau. Un événement dans le petit monde des Maxi.

Avec ce quatrième « MC », la saga des Magic Carpet, propriété de Lindsay Owen-Jones, se poursuit. Pour remplacer le troisième du nom, le propriétaire, qui auparavant avait sollicité le cabinet Reichel-Pugh Yacht Design et le chantier Wally, a fait cette fois-ci appel au cabinet Verdier et au chantier Persico.

« C’est un peu la première fois qu’on nous sollicitait pour faire un bateau de cette taille-là en IRC », raconte Hervé Penfornis, architecte et collaborateur de longue date de Guillaume Verdier. « On nous a demandé de faire un 100 pieds qui, potentiellement, irait plus vite que le bateau d’avant », explique de son côté Guillaume, actuellement en Nouvelle-Zélande.

 

Performance et luxe

« Au début, Lindsay m’avait dit de faire le bateau que je voulais. Mais celui-là n’a plus grand-chose à voir avec le bateau que j’avais rendu en avant-projet. On a bossé comme des malades, mais on l’a remis dans nos cartons et on a fait un autre bateau, plus dans la continuité du précédent. »Pas de foils, donc, mais un bateau qui allie performance et confort. « C’est un bateau de course qui ne fait finalement pas beaucoup de courses, environ cinq par an en Méditerranée, reprend Hervé. À côté de ça, le propriétaire souhaite naviguer en croisière deux à trois semaines par an. Il fallait donc qu’il soit performant en IRC, mais aussi habitable, avec un design intérieur cosy. »

« Le bois que l’on peut voir à l’intérieur n’est que du bois de parement, détaille Guillaume. C’est fait par des sociétés qui fabriquent l’ameublement de l’aéronautique. C’est conçu en nid d’abeille, carbone et une fine couche de bois. Et une bonne partie de l’aménagement est déchargée pour les courses. Pour l’intérieur, on a travaillé avec Axel de Beaufort. »

Pour l’aspect performance, le cabinet s’est appuyé sur son expérience des bateaux de course, plutôt typés offshore, en concevant un voilier « léger » pour sa taille : autour de 37 tonnes, permettant ainsi de gagner une dizaine de tonnes par rapport au précédent Magic Carpet.

Quille inclinable et canard

Le 100 pieds est doté d’une quille pendulaire, « comme en Imoca ». « L’idée avec la quille basculante est de ne pas avoir un trop mauvais couple de redressement. » Mais pour pouvoir rentrer dans les ports méditerranéens, la quille devait pouvoir se rétracter sans que cela n’affecte l’habitabilité du bateau. Le cabinet a donc imaginé une quille inclinable vers l’arrière, permettant d’abaisser le tirant d’eau de 7 mètres à 4,50 mètres.

« Un vrai challenge », pour l’équipe, d’autant que le bulbe reste à l’horizontale une fois la quille remontée. À l’avant de la quille, on retrouve un « canard » : une dérive qui monte, descend et s’incline latéralement, et qui permet d’ajouter un plan antidérive afin de compenser la perte lorsque la quille est basculée au vent. « En cela, il se rapproche de Comanche (plan VPLP/Verdier), qui marche bien au près », explique Guillaume Verdier. « On a également deux safrans relevables verticalement, par un système de vérins, qui permettent un meilleur contrôle aux allures de reaching et au portant », ajoute Hervé Penfornis.

Autre point important du cahier des charges : concevoir un bateau 100 % électrique, ce qui implique d’embarquer beaucoup de batteries à bord. « Ce sont des bateaux qui nécessitent beaucoup d’énergie. Tout fonctionne à l’hydraulique à bord. Et ces bateaux-là ont en permanence le moteur en route. » Plutôt antinomique avec le fait de faire de la voile, pense le propriétaire, qui avait donc émis le souhait d’avoir un bateau plus silencieux.

L’équivalent de plusieurs voitures électriques

Pour réussir ce pari, le capitaine du bateau et l’ingénieur en chef du projet ont collaboré avec l’écurie automobile Williams, qui travaille depuis plusieurs années déjà sur les Formule E. « À bord, il y a l’équivalent de plusieurs voitures électriques en batterie avec un très haut voltage qu’on retrouve sur les voitures de course. Pour des régates à la journée, le parc est normalement suffisant pour être autonome. » Mais toutes ces innovations qui ont demandé « près de 30 000 heures de travail sur la conception » peuvent-elles se reproduire à plus grande échelle, sur des bateaux de série ? « En poussant les frontières, on apprend toujours plein de choses », pensent les architectes. « Et cela finit par se démocratiser, notamment sur la croisière. Ce qu’on va apprendre sur ce bateau-là concernant les batteries va permettre d’avancer sur les capacités de stockage de l’énergie. Et peut-être que d’autres propriétaires voudront investir dedans. »

Fiche technique

Longueur hors tout : 30,48 mètres

Largeur : 7,2 mètres

Tirant d’eau : 7,1 mètres

Tirant d’air : 46 mètres

Déplacement : 37 tonnes

Architecte : Guillaume Verdier

Chantier : Persico Marine

 

Source: @Voiles et Voiliers