,

[Vidéo] Le premier vol du maxi trimaran Gitana 17

[Vidéo] Le premier vol du maxi trimaran Gitana 17

La voile en solitaire passionne les français, et l’engouement ne devrait pas faiblir ces prochaines années avec les bijoux technologiques que préparent les grandes écuries de course au large françaises. Le maxi trimaran Gitana 17 a été mis à l’eau le 17 juillet et enchaîne les premières sorties en mer. Il est le premier né d’un trio de trimarans Ultime volants. Le 17 août il a réalisé son premier vol au large de Lorient. Présentation.

©L’usinenouvelle

A Brest en 2019 partira une course à la voile pas comme les autres. La première édition d’un tour du monde en solitaire sur des Ultime, ces trimarans géants. Et à deux ans du départ, l’on sait déjà que les plus grands noms de la voile devraient être présents : François Gabart (Macif), Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), Sébastien Josse (Gitana), Yves Le Blevec (Actual Ultim), Thomas Coville (Sodebo) ont déja confirmé leur présence.

Ce qui rendra ce tour du monde inédit, c’est que ces skippers vont s’affronter en solo sur des géants des mers : des trimarans mesurant une trentaine de mètres de long. Et parmi les bateaux au départ, trois Ultime de dernière génération, mi-volants, mi-flottants : Le Maxi Edmond de Rothschild de l’équipe Gitana, le Maxi Solo Banque Populaire IX (dont la mise à l’eau est prévue en octobre) et un nouveau trimaran Sodebo dont la construction doit commencer avant la fin de l’année.

Le premier né de cette nouvelle race de bateau est sorti des chantiers Multiplast de Vannes le 17 juillet : Le Maxi Edmond de Rothschild de l’équipe Gitana. Avec ses 32 mètres de long pour 23 de large, le maxi Gitana 17 impressionne. Pourtant, il sait se faire léger et a même été construit dans une optique : voler grâce à des foils (des ailettes placées sous les coques) en L de 5 mètres de haut et près de 3 mètres d’envergure (les plus grands jamais construits) et des safrans en T, capables de faire décoller le bateau.

Le 17 août, le maxi trimaran a réalisé son premier vol. « La première fois où le bateau a décollé était un moment incroyable. Nous avions 15-17 nœuds de vent et une mer plate avec moins d’un mètre… tout était réuni pour voler », explique dans un communiqué le skipper Sébastien Josse.

Des coques planantes

Si les foils ont été dessinés par le bureau d’études Gitana et l’équipe de l’architecte Guillaume Verdier, c’est en Italie dans les locaux de Re Fraschini qu’ils ont été construits. L’industriel, qui fabrique entre autres les châssis des Ferrari, possède “au delà de sa capacité à travailler des pièces industrielles en fibre de carbone, un vrai savoir-faire artisanal nécessaire à la fabrication de pièces aussi importantes”, explique Cyril Dardashti, directeur général de l’équipe Gitana. Quand le bateau sera en “vol”, la charge totale (plus de 15 tonnes) ne sera répartie que sur deux ou trois de ces appendices.

Autre choix étonnant dans l’architecture du bateau : des coques aux étraves inversées et à fond plat. “C’est une première sur ce type de bateaux, relate Cyril Dardashti. Nous avons choisi une forme très planante pour favoriser le vol. Dès qu’on a atteint une certaine vitesse, cela permet au bateau de décoller”. Ce choix d’architecture radicale s’inspire directement des bateaux de la Coupe de l’America, mais ici ils sont deux fois plus gros…

Le Gitana 17 ne volera pas dans toutes les conditions. Il faut du vent, bien sûr, mais surtout une mer pas trop agitée. “Le danger vient plus de l’état de la mer que du vent. On casse les bateaux quand il y a beaucoup de mer. Quand il y a de la vitesse, se prendre une vague c’est comme foncer dans un mur”, illustre-t-il. Le dernier né de Gitana peut voler, mais il reste avant tout un bateau. “Nous avons la possibilité de naviguer de façon plus classique, en fonction des conditions météo”. Si la forme des coques, très planantes ne le rend pas des plus agile en cas de petits temps, « dès 12-13 noeuds, c’est une machine redoutable”, décrit-il.

Un mode « pilotage automatique »

A l’intérieur du bateau se cache aussi de la technologie. “Il peut fonctionner sur un mode asservi », relate Cyril Dardashti. Une fois les foils réglés et le bateau entré en phase de vol, l’électronique embarquée va aider le skipper à tenir ce vol. “Nous ne voulons pas d’un vol épisodique, ce que nous cherchons c’est que le bateau soit le plus souvent en vol stable”, justifie-t-il.

Alors asservi ou pas ? Si le nouveau trimaran respecte par sa taille (moins de 32 mètres de long, 24 mètres de large) les règles du collectif Ultime, l’équipe Gitana n’en fait pas partie à part entière. Pour l’instant, le collectif Ultime n’acceptent pas le mode asservi dans ses courses. “Pour moi, c’est une hérésie de vouloir faire des bateaux aussi chers et de ne pouvoir réguler les vols. C’est comme enlever le pilote automatique à un A380”. En attendant de convaincre les derniers récalcitrants du collectif, le Gitana 17 pourra aussi naviguer en mode sans asservissement et se frotter aux autres trimarans de sa catégorie.

La première sortie officielle en compétition pour Gitana 17 et son skipper Sebastien Josse aura lieu en novembre 2017 pour la transatlantique Jacques Vabre entre Le Havre et Salvador de Bahia, au Brésil. Suivront, la Route du Rhum 2018 et le fameux tour du monde en solitaire Brest-Brest en 2019…

Rédigé par Anne-Katell Mousset

©L’usinenouvelle