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Easy To Fly, dernier-né des catamarans volant sur le Léman

Voile – Bol d’or Mirabaud Le skipper français Jean-Pierre Dick est à Genève pour promouvoir le bateau qui a déjà séduit trois navigateurs genevois.

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Jean-Pierre Dick est un personnage atypique dans le monde de la voile, le prototype même du gentleman skipper. Sa quatrième place en 80 jours dans le dernier Vendée Globe à bord de son 60 pieds St-Michel-Virbactémoigne d’une rare constance dans la performance lors de ses nombreuses courses au large en solitaire. Tous ces succès ont été pourtant obtenus en double avec trois victoires dans la Transat Jacques Vabre et deux dans la Barcelona World Race, la dernière en 2011 avec Loïck Peyron.

Le navigateur niçois a toujours eu le don pour renverser des situations compliquées, vivre des moments suspendus ou même se fixer des défis audacieux, comme celui d’imaginer un nouveau catamaran volant capable de séduire un grand nombre de passionnés de la voile moderne, même sur le lac Léman. C’est la raison de sa présence à Genève, à l’occasion du 79e Bol d’Or Mirabaud, où Jean-Pierre Dick assure la promotion de Easy To Fly, un catamaran à foils de 26 pieds (8,10 m) qui a déjà séduit trois Genevois: Michel Vaucher (Swiss Médical Network), Bernard Vananty (Tixwave) et Pierre-Eric Détroyat (Lunajets).

Combler un vide

«La révolution des foilers a été boostée par les régates de la Coupe de l’America avec les fantastiques duels entre Oracle et Team New Zealand en 2013, à San Francisco. Tout le monde a été impressionné par ces bateaux filant à une vitesse de 40 noeuds au-dessus de l’eau», reconnaît Dick. «La voile a atteint une nouvelle dimension qui s’est traduite par des évolutions spectaculaires à tous les niveaux sur les monocoques du Vendée Globe, comme sur les multicoques. Dans notre réflexion avec l’architecte naval Guillaume Verdier, qui a travaillé avec Team New Zealand, nous nous sommes rendu compte qu’il existait deux bateaux, le 18 pieds Flying Phantom et le GC32, beaucoup plus grand. Au milieu, il n’y avait pas d’intermédiaire. Je me suis dit qu’il fallait combler ce vide et imaginer un foiler de 26 pieds, pas trop lourd (325 kg) avec une plateforme stable et facile d’accès pour que le vol en catamaran soit accessible au plus grand nombre, en toute sécurité avec trois équipiers au rappel, sans trapèze.»

Développé au sein de l’écurie Absolute Dreamer, administrée à Lorient par Jean-Pierre Dick, Easy To Fly est construit en carbone à La Trinité-sur-Mer au chantier JPS. A partir de 8-10 noeuds de vent, le catamaran s’installe en haut des foils à une allure pouvant atteindre 25 à 30 noeuds. «Pour voler, il faut cependant tenir compte de la répartition du vent sur le plan d’eau. On est encore dans une phase de mise au point, même si le bateau a un bon degré de finition. Je vais continuer à observer les trois Easy to Fly au départ du Bol d’Or Mirabaud. On a prévu des appendices qui ne freinent pas trop le bateau, et pour le lac, c’est un bon compromis», estime le skipper azuréen.

Vers une série monotype?

Easy to Fly, mais pas forcément Easy to Buy. Annoncé à environ 160?000 francs, voler sur ce cata n’est pas encore à la portée de toutes les bourses. «C’est tout de même quatre fois moins cher qu’un GC32, et la poussée d’adrénaline est la même», rétorque Dick. «Notre challenge, c’est de créer à l’avenir une série monotype, mais nous restons humbles sur nos objectifs.»

Rédigé par Pierre Nusslé

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