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Comparatif des foils des 2 premiers bateaux du Vendée Globe

Les deux premiers bateaux du Vendée Globe 2016-17 sont des IMOCA à foils. Voilà un petit comparatif imagé de ces deux voiliers sortis du même cabinet d’architecte, mais qui n’ont pas du tout la même philosophie. Explications

©bateaux.com

Le premier et le second du Vendée Globe 2016-17 sont tous les deux des IMOCA de dernière génération qui ont opté pour des foils. Mais sur ces deux bateaux, Banque Populaire VIII et Hugo boss, pourtant tous les deux dessinés par les mêmes cabinets d’architecture VPLP-Guillaume Verdier, l’approche a été différente.

La coque de Banque Populaire VIII est assez proche des précédents IMOCA sur laquelle on aurait greffé des foils. Si le team a eu l’audace d’installer ces appendices dont on ne connaissait pas encore le réel potentiel, par sécurité l’équipe a décidé de rester dans un compromis qui pourrait : soit fonctionner sans les foils, soit même pouvoir – avant le départ – réinstaller des dérives traditionnelles. Dans le cahier des charges, le bateau devait être homogène à toutes les allures. Il s’agit d’un bateau large (5,80 m) avec des volumes avant important pour compenser la puissance du moteur vélique. Le gréement et les quilles sont très reculés.

La surface portante du foil produit à la fois une force latérale (antidérive) et une poussée verticale (pour sortir la coque de l’eau). Ces foils sont décomposés en trois parties : le « shaft » qui rentre dans le puits, le plan porteur dans la courbe du foil qui soulage le bateau et le « tip » plan vertical antidérive.

Depuis la mise à l’eau de Banque Populaire VIII, les essais et les premières courses ont montré que les foils soulagent quasiment intégralement le bateau. La coque sort de l’eau. Le développement d’un second jeu de foils plus fins, moins perturbants au niveau du transpercement de la surface, a amélioré leur performance. Le tip (la partie verticale du foil) produit maintenant une grande partie du travail.

En comparaison, Hugo Boss est développé selon la volonté d’Alex Thomson, pour un programme plus radical. Le bateau est moins polyvalent. Le travail du foil est plus important. Il pousse une part plus importante de la masse du bateau. On obtient ainsi un bateau légèrement plus étroit (environ 30 à 40 cm de moins que Banque Populaire et surtout moins lourd de 100 kg), mais sur lequel le skipper doit travailler de manière assidue pour bénéficier du couple dynamique. Alex Thomson doit donc être plus attentif pour être toujours réglé de manière optimale (réglage de voiles, angle de quille, enfoncement de foil, angulation de la quille).

Résultat les foils ont des dessins très différents. Comme le montrent les vues de face communiquées par Guillaume Verdier, la courbe du Shaft est inversée sur les 2 bateaux. Par contre si les deux bateaux n’ont pas la même largeur de coque, les foils une fois entièrement sortis se retrouvent à égalité. Du coup les foils de Hugo Boss sont plus longs que ceux de Banque Populaire. Ce qui pose problème quand on les rentre. Contrairement à ce que montre le schéma, les foils de Hugo Boss ne sortent pas sur le pont devant le mât. C’est pour cela que le skipper ne pouvait jamais les rentrer entièrement.

À l’issue du Vendée Globe, la victoire de Banque Populaire ne prouve pas que sa configuration est la meilleure. Hugo Boss a d’ailleurs montré qu’il avait une très bonne vitesse et l’a prouvé en enlevant à François Gabart le record de vitesse sur 24H lors de sa remontée de l’Atlantique. En plus, si l’on regarde le parcours de Armel Le Cleac’h qui a mis 3 jours de moins que le vainqueur de la précédente édition, il faut souligner qu’il a parcouru beaucoup moins de milles. Ramener à toute la course, la vitesse moyenne de l’IMOCA à foils n’est 0,1 nœud plus rapide que celle de Macif de François Gabart. Cela suffit pour que les déjà candidats à la prochaine édition 2020 ne jurent plus que par les bateaux à foils…

Rédigé par François-Xavier Ricardou

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