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Armel Le Cléac’h grand vainqueur de la 8e édition du Vendée Globe

Après 74 jours de régate, le Français Armel Le Cléac’h a bouclé son tour du monde en solitaire à bord de son monocoque bleu Banque Populaire VIII. A l’issue d’une course au coude à coude avec son poursuivant Alex Thomson, qui devrait arriver quelques heures derrière lui, il décroche pour la première fois le trophée du vainqueur du Vendée Globe 2016. Les caractéristiques techniques quasi-identiques des bateaux des deux skippers sont passées au crible de Romaric Neyhousser, architecte naval du cabinet Guillaume Verdier qui, en partenariat avec le cabinet VPLP, a conçu leurs monocoques.

©L’usineNouvelle

Un fort moment d’émotion pour les amateurs de voile. Armel Le Cléac’h, le skipper de Banque Populaire VIII,a remporté le graal ce jeudi peu avant 17h.Le vainqueur de la mythique course du Vendée Globe est arrivé aux Sables d’Olonne après plus de 74 jours de tour du monde, tandis que le Britannique Alex Thomson, son dauphin, devait lui succéder quelques heures plus tard.

Le match des bateaux a maintenu le suspense jusqu’au bout. Et les caractéristiques de ces monocoques de nouvelle génération dotés des fameux foils censés faire toute la différence n’y sont pas totalement étrangères. Du pari fou de la team Hugo Boss, en passant par le retour d’expérience et les ajustements techniques de la team Banque Populaire VIII, Romaric Neyhousser, architecte naval du cabinet Guillaume Verdier, raconte pourquoi ces deux bateaux avaient de fortes chances de performer. Revue de leurs points forts et faibles.

Des caractéristiques techniques très similaires

Sur les 29 bateaux qui ont pris le départ le 6 novembre dernier de la plus prestigieuse course autour du monde en solitaire, sept « de nouvelle génération » étaient l’objet de toutes les attentions. Les foils – ces appendices porteurs qui dépassent du haut de la coque quand elles sont relevées – auront été baptisées pour la première fois sur un monocoque pour un tour du monde. Cette innovation technique empruntée à d’autres types de bateaux de course a pour rôle  de soulager la coque, la faire déjauger (se lever légèrement) pour réduire la traînée, mais surtout de diminuer la gîte. Le bateau pourra alors porter plus de voiles et gagner en vitesse.

« Nous avons conçu, en association avec le cabinet VPLP, six de ces IMOCA 60 pieds de nouvelle génération « , explique Romaric Neyhousser, citant Safran et Banque Populaire VIII, Gitana (Edmond de Rothschild) et St Michel-Virbac, No Way Back et Hugo Boss. Selon lui, sur le papier ces bateaux se ressemblent beaucoup et tous « sont en phase d’apprentissage ». Même architecte, même taille, hauteur de mât à peine différente, coques et quilles standards, à en croire les fiches techniques, dont les informations les plus essentielles (comme la masse) sont gardées secrètes, le Banque Populaire VIII et Hugo Boss partaient à armes égales. L’un comme l’autre pouvait atteindre la première marche du podium ou au contraire devoir abandonner, au même titre que les cinq autres monocoques munis de foils.

Le pari XXL d’Hugo Boss

La team Hugo Boss a toutefois décidé de pousser un peu plus loin dans l’innovation. Le bateau skippé par Alex Thomson « est celui qui est le plus différent », confie l’architecte naval. « Sa configuration foil est nettement plus grande que tous les autres, et la coque légèrement plus étroite. L’équipe a choisi le haut de fourchette de ce qu’il était possible de réaliser », poursuit-il sans toutefois avancer de chiffres. Et pour cause, les foils ont montré lors des tests de simulation une forte capacité à augmenter la puissance dynamique des bateaux. L’équipe britannique a donc parié franchement sur l’emploi du foil. Un parti pris qui aurait pu faire toute la différence. Cette stratégie n’est pourtant pas dépourvue de risque car une plus grande longueur de l’appendice donne une plus grande exposition aux aléas techniques et aux objets flottants non identifiés.

Avantage à l’expérience pour Banque Populaire

De son côté, le Banque Populaire VIII est le bateau qui a le plus navigué, souligne Romaric Neyhousser. Son équipe a accumulé la plus grande somme d’expériences. Et les pépins techniques et autres grosses avaries subies à ces occasions ont permis de peaufiner les réglages du monocoque. « En définitive, si les deux bateaux étaient très similaires lors de leur première mise à l’eau, à force de petits réglages, optimisations et nouveaux développements, chaque projet est devenu étanche et ne se ressemblait plus au départ de ce Vendée Globe », explique l’architecte. Armel Le Cléac’h partait donc avec un avantage concurrentiel non négligeable. Et après plusieurs déconvenues, notamment lors de la première transat Jacques Vabre, il était temps de tirer leçon de ces échecs…et de gagner. « Malheureusement Hugo Boss a été complètement démoli au large de l’Espagne lors de la dernière Jacques Vabre, raconte Romaric Neyhousser, il a fallu tout reconstruire avec un temps de développement moins important. Et malgré tout, il arrive super bien ». Avant de conclure : « si j’avais dû mettre une pièce sur le vainqueur en fonction des qualités de son bateau, j’aurais difficilement pu déterminer le gagnant. »

Rédigé par Aurélie M’bida

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